Temoins de Mai 1968 : Alain GUICHARD

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Quelques semaines avant la fin de mon service militaire je suis envoyé avec un détachement du 121° RI de Clermont Ferrand pour travailler dans le cadre des JO d’hiver de Grenoble de février 1968. Sergent, je suis responsable d’un groupe à Autrans pour l’installation de la banquette de tir pour le biathlon et d’un sauna d’un centre de vacances qui hébergera des sportifs.

Première grève premières victoires

Fin février, fin du service militaire. Retour à la vie civile à Saint Etienne, je prends mon poste le 1er mars aux contributions indirectes service de la TVA à Roanne Nord. Le 5 ou 6 mars se déroule une réunion du syndicat CGT (je suis adhérent depuis mon entrée à l’école nationale des impôts en avril 1966) en présence du camarade PARIS de la direction nationale du syndicat. Dès le lendemain nous démarrons une grève administrative contre les statistiques tatillonnes demandées. Elle durera environ 35 jours et nous obtenons au plan national des créations d’emplois et l’instauration d’une prime de technicité de 10 points d’indice pour les agents C et D, 20 points pour les cadres B et 30 points pour les cadres A.

Le déclic : le 13 mai

Début mai un certain nombre de grèves ont lieu dans certaines usines du département de la Loire. Lors de la manifestation du 13 mai nous sommes 50 000 dans les rues de Saint Etienne et dans la foulée se généralisent les grèves avec occupation. Le 14 je retourne à Roanne pour discuter de la grève dans les services des Indirectes et nous décidons de partir en grève dès le lendemain.

Compte-tenu de la grève à la SNCF et de la pénurie d’essence je ne retournais à Roanne que fin mai. J’ai en fait vécu la grève à Saint Etienne assistant aux réunions chaque matin avec les camarades du syndicat et ensuite avec les initiatives au niveau interpro. Je revois les prises de parole du balcon de la Bourse du Travail avec Joseph Sanguedolce SG de l’UD CGT, futur maire de Saint Etienne, Héritier de la CFDT, futur n° 2 de la CFDT nationale et Huguette Bouchardeau mon ancienne prof de philo, responsable départemental de la FEN.

Les conquis de mai 68

J’allais aussi les après-midi dans mon ancienne fac écouter les AG étudiantes. Lorsque nous avons décidé de suspendre la grève je suis retourné dans mon service à Roanne pour soumettre les propositions de fin de grève nous avions obtenu entre autres des augmentations avec une majoration de 15 points indiciaires pour les premiers échelons et 10 points pour les autres, la fin du travail le samedi avec passage à 42 heures par semaine. Avec la grève administrative et la grève de mai mon salaire net dépassait les 1 000 francs mensuels.

J’ai donc pris mes premières responsabilités syndicales lors des grèves du printemps 1968 intégrant la CE de la section et à la fin de l’année 1968 je participais à Brive à mon premier congrès national. C’était aussi le dernier congrès du Syndicat National des Indirectes et la mise en place du Syndicat National des Impôts CGT, le SNADGI.

Alain Guichard

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